On a profité du camping jusqu’à la dernière minute, c’est-à-dire 11h59. On a payé 43 €. Puis on a pris la route en direction de Copenhague. Vers midi, on s’est arrêtés en bord de route près d’une écurie pour manger. Une nouvelle fois, Manon a joué les Brigitte Bardot avec un chat, un peu méfiant mais gourmand.


La route entre Roskilde et Copenhague n’était pas particulièrement intéressante. On a fini par emprunter une belle piste cyclable à travers des parcs. Plus on s’approchait de la capitale, plus le nombre de vélos autour de nous se démultipliait. Nous sommes arrivés à Copenhague vers 15h30. La capitale du Danemark vient d’être élue deuxième ville la plus agréable au monde selon The Economist, basée sur des critères tels que la culture, l’infrastructure, la santé, etc. La première position revient à la ville de Vienne, en Autriche. Nous avons hâte de nous faire notre propre avis.


Nous nous dirigeons directement chez Rolf, notre hôte Warmshowers. On dépose toutes nos sacoches chez lui avant de partir faire un tour en sa compagnie à travers la ville. C’est une chance immense de pouvoir visiter Copenhague avec quelqu’un qui en connaît les moindres recoins. Il nous amène d’abord voir l’un des sites touristiques les plus célèbres : la statue de la Petite Sirène.
Cette statue a été érigée en 1913 pour rendre hommage à l’auteur danois Hans Christian Andersen, qui a écrit le célèbre conte de fées intitulé, je vous le donne en 1000, « La Petite Sirène ». C’est une statue minuscule, mais en même temps, c’est la Petite Sirène, donc si elle mesurait 6 mètres, ça n’aurait pas de sens. Toujours est-il qu’elle attire beaucoup de monde. Il y avait foule. Un cycliste s’approche de moi, me tend son téléphone et me demande de le prendre en photo. On engage la conversation et on découvre qu’il est français. Il vient de Toulouse mais vit depuis plusieurs années à Oslo, en Norvège. Il est parti tout seul avec son vélo jusqu’à Copenhague en 13 jours. Il a un équipement bien plus léger que le nôtre. On commence à raconter notre voyage, à échanger sur les difficultés qui sont bien souvent dues à la météo. Rolf attend pour nous faire visiter la ville, donc nous abrégeons la conversation.


Nous roulons à travers le quartier de Nyhavn. C’est un quartier pittoresque de Copenhague avec des maisons colorées du XVIIe siècle le long du canal. C’est un endroit populaire avec des restaurants, des bars et une ambiance animée. L’écrivain Hans Christian Andersen vivait ici.

Plus loin, nous arrivons à « Christiania », un quartier autonome fondé en 1971 par un groupe de squatters. Christiania est considéré comme un projet alternatif et expérimental qui fonctionne en dehors des lois et réglementations traditionnelles du pays.
Christiania est souvent décrit comme une communauté autonome autogérée, avec ses propres règles et valeurs. Le quartier est principalement connu pour sa culture artistique, ses maisons colorées et son ambiance bohème.
Cependant, ce quartier suscite de nombreuses controverses. Les autorités danoises ont eu des différends avec la communauté concernant la propriété foncière et les activités illégales telles que le trafic de drogue. En effet, en marchant dans ses rues, on a pu voir des stands où les dealers étalent leur drogue et nous alpaguent comme sur un marché aux légumes. L’ambiance est unique, un mélange paradoxal de désordre maîtrisé.
Il est strictement interdit de prendre des photos à Christiania, et vu les profils de truands qui se baladent torse nu, tatoués du crâne aux chevilles, en surveillant que tout le monde respecte les règles qu’ils ont eux-mêmes créées, on n’a même pas envie de sortir le téléphone de notre poche.
À l’entrée du quartier se trouve un immense troll en bois. Un couple s’arrête, me tend un téléphone et me demande de les prendre en photo (encore). Alors que j’exécute cette demande, Rolf nous explique que cette construction est l’œuvre de Thomas Dambo.
Thomas Dambo est un artiste danois connu pour ses sculptures en plein air réalisées à partir de matériaux recyclés. Son projet le plus célèbre est « Forgotten Giants », où il a créé des sculptures de trolls géants dissimulées dans les bois autour de Copenhague. Apparemment, nous en avons croisé sur notre chemin jusqu’à Copenhague. Ils devaient être bien cachés, car nous n’avons rien vu. Nous allons ouvrir les yeux pour la suite.
Un couple, s’approche de moi, me tend un téléphone pour… Sérieusement ?!?!

Rolf nous conduit ensuite vers une espèce d’épave de bateau. Il nous explique qu’ici, quiconque peut venir apprendre à construire ou réparer tout et n’importe quoi. C’est une sorte d’immense laboratoire où des gens compétents partagent leurs connaissances avec ceux qui le souhaitent. Un endroit que nous n’aurions certainement jamais connu sans cette rencontre Warmshowers.

Il est 17h15, nous sommes un peu en retard pour rejoindre Lise, une amie de Manon qui vit au Danemark depuis environ 10 ans. Nous la rejoignons au marché alimentaire de Reffen, qui ressemble grandement au street food où nous avions mangé à Aarhus, en plus grand. Tout comme là-bas, on y trouve des spécialités du monde entier. Le marché est situé dans l’ancienne zone portuaire de Refshaleøen, offrant une atmosphère industrielle et décontractée.
On raconte à Lise tout ce que nous aimons au Danemark, et plus particulièrement à Copenhague. On se verrait bien y vivre. Sa place de deuxième ville la plus agréable au monde est amplement méritée. Lise nous rappelle à juste titre qu’il faut avoir passé un hiver au Danemark avant de savoir si on aimerait y vivre. Avec les beaux jours, on a déjà tendance à oublier combien l’hiver a été rude dans les pays du Nord. Le froid, les fins de journée à 15h30, la neige et la grisaille… c’est vrai, peut-être qu’on ne supporterait pas. Lise nous explique que malgré les apparences, les Danois ne sont peut-être pas aussi heureux qu’on le pense. Au Danemark, on consomme beaucoup d’antidépresseurs. C’est même le neuvième plus gros consommateur au monde si l’on en croit un graphique de l’OCDE datant de 2017, le premier étant l’Islande. Cette consommation alarmante pourrait s’expliquer par la météo. L’hiver, il fait si mauvais que les gens restent chez eux la plupart du temps, se coupant ainsi d’un élément essentiel au bonheur : les interactions sociales.



Lise nous a convaincus. Nous attendrons un peu avant d’investir 190 000 € pour un 25 m² à Copenhague. Oui, parce qu’ici c’est cher aussi.
Nous enfourchons chacun nos vélos et faisons un bout de chemin avec Lise. Elle nous amène au pied d’un immense incinérateur de déchets où 70 tonnes de déchets sont avalées chaque jour. La station de « Copenhill » est un lieu improbable où la combustion des déchets permet de produire de la chaleur et de l’électricité pour approvisionner les foyers de la capitale. Ce qui rend cette station encore plus unique, c’est qu’elle dispose d’une piste de ski sur son toit, ainsi qu’un mur d’escalade sur l’une de ses façades. Les visiteurs peuvent donc profiter d’une expérience de ski tout en admirant la vue sur la ville. C’est une combinaison surprenante de développement durable, d’activités de plein air et d’innovation architecturale.




Nous nous séparons de Lise à un carrefour pour rejoindre Rolf qui nous attend sur le toit-terrasse de son immeuble. Il est 21h15, le soleil se couche lentement, éclairant d’une lumière orangée les toits de la ville qui s’étendent à perte de vue. Rolf est passionnant, il nous raconte les détails historiques de la ville qu’il connaît comme sa poche. L’angle des bâtiments n’est pas à 90° car il y a plusieurs années, un terrible incendie a touché le centre de Copenhague. À l’époque, les bâtiments avaient des angles droits et cette architecture aurait empêché le vent de circuler et de contenir les flammes. Suite à ce tragique événement, le gouvernement a exigé que les nouveaux bâtiments soient construits avec des angles tronqués. En se baladant dans la ville, on peut maintenant différencier les bâtiments qui ont été construits avant et après l’incendie, selon qu’ils ont ou non un angle à 90°.




Nous redescendons dans son appartement, tout en longueur, où Rolf nous a préparé deux lits. Nous échangeons encore quelques mots pour mieux le connaître. Il nous propose de rester un jour de plus pour prendre le temps de bien visiter la ville demain. Une offre que nous ne pouvons évidemment pas refuser !
