Après le petit-déjeuner, nous avons commencé par nettoyer le matériel dont nous avions besoin pour les ruches. Nous avons dû trouver des bocaux que nous avons remplis d’eau sucrée. Nous les avons ensuite refermés avec un couvercle que nous avions au préalable percé avec une aiguille. Nous avons nettoyé des compartiments et des socles remplis de cire d’abeille, sans trop savoir à quoi ça allait nous servir exactement. Adam a prêté à Manon une combinaison d’apiculteur, puis il en a lui-même enfilé une. Pour me protéger, j’ai emprunté un bob moustiquaire à Franek. Anna et Adam possèdent 14 ruches. Ils n’ont eu aucune formation en apiculture, et tout ce qu’ils savent, ils l’ont appris par expérience. Ils ont fait le choix de séparer les ruches en deux groupes sur leur terrain. Ainsi, si l’un des groupes faisait face à un gros problème, l’autre groupe pourrait peut-être y échapper. Nous commençons avec le premier groupe qui compte 10 ruches. À l’intérieur de chaque ruche, il y a 10 cadres dans lesquels les abeilles construisent leurs alvéoles. Il nous faut vérifier l’état des ruches, retirer deux cadres par ruche et les remplacer par des cadres avec de la paille pour mieux les isoler. Puis, nous déposons les bocaux tête en bas pour que l’eau sucrée nourrisse les abeilles en s’écoulant par les couvercles percés. Entre cet apport nutritionnel et l’amélioration de l’isolation, les abeilles traverseront l’hiver avec moins de difficultés. Manon est équipée d’un « fumoir ». Le fumoir est un outil essentiel pour les apiculteurs, car il leur permet de calmer les abeilles lorsqu’ils travaillent dans une ruche. Elle suit Adam de près tout en appuyant régulièrement sur le soufflet pour libérer de la fumée. De loin, j’essaie d’observer mécaniquement. J’essaie d’aider comme je peux, mais par moments, je sens les abeilles plus agressives et je préfère fuir plutôt que de me faire piquer.





Alors, en attendant qu’elles se calment, je flâne dans le jardin. Je vais voir les chèvres, je caresse les chiens… Et puis j’entends bêler au loin. Je regarde derrière le grillage, et je vois le bouc. Il est mis à l’écart des chèvres parce qu’il est trop… comment dire… « Strauss-Kahn ».
Depuis qu’on est arrivé, nous ne sommes pas allés le voir parce qu’il est dans une autre partie du jardin où jusqu’à maintenant nous n’avions rien à faire. Mais aussi parce qu’Anna nous a raconté qu’il pouvait être un peu agressif avec elle parfois.
Mais comme je suis curieux, j’ai voulu faire sa connaissance. Je me suis approché lentement de lui. Il s’est approché lentement de moi. Et j’ai pu caresser sa joue comme je le fais avec les chèvres. Je me suis fait un nouvel ami ! Un nouvel ami qui pue l’urine. Ce n’est pas le premier.
Les boucs ont parfois la particularité de s’uriner sur eux-mêmes, notamment sur leur propre ventre, leurs pattes avant et leur poitrine. On appelle ça le « marquage urinaire ». Ça les rend plus attractifs sexuellement et ça leur permet parfois d’établir une relation de supériorité sur d’autres mâles. Le bouc sait comment s’imposer !
Entre deux sessions d’apiculture, je retourne donc voir mon copain. Ce que je ne savais pas, c’est que celui avec qui je pensais pouvoir tout partager est en réalité très lunatique. Lors de ma dernière visite, il ne s’est pas approché de moi lorsque je lui ai tendu la main. Au lieu de ça, il a baissé la tête et il a chargé dans ma direction. Je n’ai même pas eu le temps de dire « aïe » que je me suis retrouvé le cul dans les orties. Pour pouvoir m’enfuir, j’ai dû attraper une de ses cornes, le pousser de toutes mes forces et en lâchant, j’ai couru derrière le grillage. J’avais plus mal à cause des orties que du coup de corne. Le bouc est attaché à une chaîne, ça m’a peut-être un peu sauvé.

Pour le déjeuner, la maman d’Adam nous a préparé une spécialité culinaire polonaise populaire, des Pierogi Ruskie. Ce sont des petits chaussons de pâte garnis d’une farce à base de pommes de terre, de fromage blanc frais et d’oignons. Ce n’est peut-être pas très objectif, mais toute la famille d’Adam nous les présente comme les meilleurs Pierogi de Pologne ! On est aux anges de pouvoir goûter une nouvelle spécialité du pays. Nous avons une liste assez longue de recettes polonaises à découvrir, et chaque élément coché sur la liste est une petite victoire.
C’était délicieux, j’ai dû demander à Manon de me retenir de tout dévorer. Anna nous raconte que depuis la guerre en Ukraine (encore elle), même le nom de ce plat traditionnel est débattu entre ceux qui souhaitent retirer le mot « Ruskie » et ceux qui considèrent qu’il faut conserver l’appellation d’origine. Nombreux sont les Polonais qui ne voudraient plus jamais entendre parler de la Russie.
Contrairement à ce que beaucoup pensent, le terme « Ruskie » ne signifie pas « à la russe », mais plutôt « à la ruthène ». La Ruthénie désigne une zone culturelle qui englobe l’est de la Pologne, le nord de l’Ukraine, la Biélorussie et une partie de la Russie.
Les pierogi ruskie sont en réalité d’origine ruthène, faisant partie de cette zone culturelle. Cependant, de nombreux Polonais ont tendance à les associer à tort avec la Russie, et il est fréquent de voir des restaurants proposant des pierogi ruskie changer leur nom pour « ukrainskie », ce qui est incorrect.
En conclusion, il est important de faire la distinction entre « ruskie » et « à la russe », car les pierogi ruskie sont liés à la culture ruthène et non russe, malgré les confusions courantes.

Après manger, il était déjà 16h, et nous avions travaillé 5 heures avant le déjeuner. Normalement, dans un volontariat Workaway, il n’est pas demandé de travailler plus de 5h. Mais comme nous n’avions pas fini de préparer les ruches, nous avons proposé à Adam de l’aider jusqu’à la fin. Il nous restait quatre ruches sur une autre partie du terrain. Adam nous a laissés, Manon et moi, travailler ensemble sur la dernière ruche, un peu comme une évaluation, pour voir si on avait bien tout compris.
On était hyper concentrés. Nous avons suivi toutes les étapes dans l’ordre, en essayant de ne blesser aucun insecte. Lorsque l’on blesse ou que l’on tue une abeille, les autres s’en aperçoivent instantanément et se mettent à attaquer pour se défendre.
Nous avons retiré un à un les cadres alvéolés pour essayer de trouver une reine dans ces immenses colonies de travailleuses acharnées. Adam a peint les reines d’un point de couleur pour les reconnaître plus facilement. Si nous regardons attentivement la construction des cellules à l’intérieur de la ruche, nous pouvons reconnaître la « cellule royale ». Elle est construite en forme de goutte et elle est généralement plus grande que les cellules destinées aux autres abeilles.
Peut-être qu’on veut avoir trop de choses dans notre future ferme. Mais une chose est sûre, c’est qu’on aura des ruches. Prendre soin d’une colonie d’abeilles ne permet pas simplement d’avoir du miel d’excellente qualité, dans une ruche, on peut aussi récupérer de la cire d’abeille ou de la propolis.
Adam a su tirer parti de cette triple production. De son miel, il fait de l’hydromel, Franek utilise la cire d’abeille pour fabriquer des bougies, et Anna transforme la propolis en un breuvage médicinal en la mélangeant avec de l’alcool ou avec de l’huile.
Bien sûr, nous nous sommes rendu compte aujourd’hui que le travail d’apiculteur demande beaucoup de patience et de technique. Mais nous sommes plus que motivés à apprendre.
C’est épuisés que nous retirons nos combinaisons. La journée est passée très vite, et nous sommes affamés après toutes ces nouvelles expériences. Malheureusement, Adam et Anna sont encore très occupés, et nous ne trouvons pas le courage cette fois d’attendre 22h pour dîner avec eux. Nous leur demandons poliment si on peut attraper un bout de pain et du fromage dans leur frigo pour ensuite pouvoir aller nous coucher. Demain, nous prendrons notre dernier petit-déjeuner tous ensemble…




Bravo, on sent le professionnalisme qui rentre
Cool!
Vous êtes prêts pour venir vous occuper des 4 ruches de STCE! 🤣
J’ai hâte de voir Corinne avec la combi lors d’une prochaine animation.😉
Ah oui superbe idée je valide 😘
Merci Michelle. Bisous
Alors ça ce sera avec grand plaisir. Vous avez surement plein de choses à nous apprendre.
Merci ☺️ c’est un beau compliment ! bisous à vous
Reportage complet avec photos à l’appui. Journaliste reporter serait aussi un projet possible. Presque de vrais professionnels.
Vraiment intéressant.
On va y réfléchir, haha 😅 Merci en tout cas.