!

On est restĂ©s 2 jours de plus par rapport Ă  la semaine qu’on avait prĂ©vu initialement Ă  notre Workaway. Ce fut 9 jours assez intenses car on a creusĂ© la plupart du temps une tranchĂ©e de plus de 25m de longueur et 40cm de profondeur. A cĂŽtĂ© de ça on a eu l’occasion de s’occuper des chĂšvres anglonubiennes qui sont de vrais amours, mais Ă©galement des ruches qu’il fallait prĂ©parer pour l’hiver. On n’a pas pu voir la prĂ©paration de leurs diffĂ©rents alcools, mais on les a bien goĂ»tĂ©s par contre..! De mĂȘme pour les dĂ©licieuses recettes polonaises qu’on a eu la chance d’apprĂ©cier (kotlety mielone, bortsch, mizeria, pierogi etc.). On a passĂ© notre dimanche de repos Ă  visiter Varsovie qu’on a beaucoup apprĂ©ciĂ© ! Les rencontres ont Ă©tĂ© riches aussi avec les 2 autres volontaires Eva et Marija, une maman et sa fille venant de Lettonie. Mais aussi avec Anna et Adam qui nous a invitĂ© Ă  observer la crĂ©ation d’une de ses Ɠuvres depuis le dĂ©but. On a pu ainsi voir comment les mĂ©tiers d’artistes et de fermiers pouvaient ĂȘtre compatibles. Notre liste des idĂ©es Ă  garder pour notre propre ferme s’est un peu plus allongĂ©e encore ! 

Du coup on a pris un train entre Ciechanow et Olsztyn. Encore une fois, le train n’a pas Ă©tĂ© une partie de plaisir… Pas suffisamment d’espace pour nos bagages et nos vĂ©los car certains ont dĂ» gruger en ne payant pas, on a dĂ» rester en plein milieu du passage. Un autre cycliste a mĂȘme loupĂ© son arrĂȘt Ă  cause de nous car impossible de suffisamment bouger nos vĂ©los avec tous les gens autour..! Bref on descend du train Ă©puisĂ©s. On a louĂ© un appartement pour une semaine. On a besoin d’une vraie coupure et d’avoir du temps pour nous, ce sera la premiĂšre fois qu’on se pose aussi longtemps en 9 mois de voyage. On a mal calculĂ© notre itinĂ©raire du coup on se retrouve pas trĂšs loin de Olsztynek oĂč on avait Ă©tĂ© hĂ©bergĂ©s chez Olga, mais ce n’est pas grave on attaquera notre tour de la Pologne ainsi. On se retrouve Ă  nouveau dans une semaine !

Je me suis rĂ©veillĂ© tĂŽt ce matin, un peu stressĂ© de devoir prĂ©parer toutes nos affaires. Nous avons rejoint Adam et Anna pour le petit-dĂ©jeuner. Cela fait dĂ©jĂ  neuf jours que nous sommes chez eux. Neuf jours que chaque matin, nous avons des Ɠufs brouillĂ©s, des concombres frais, du miel, du fromage, de la charcuterie et du cafĂ©. Nous n’avons eu aucun mal Ă  quitter notre habituel porridge pour ce nouveau rĂ©gime, l’inverse s’annonce plus compliquĂ©. Lorsqu’ils n’ont pas de volontaires Workaway, Anna loue l’appartement qu’ils nous avaient laissĂ© via Booking. Un client avait rĂ©servĂ© la chambre pour 12h30. Alors ce matin, nous avons donnĂ© un coup de main Ă  Anna pour tout nettoyer.

Il pleuvait dehors, les chĂšvres n’iront pas paĂźtre aujourd’hui, elles n’aiment pas rester sous la pluie. Pour la traite, Manon et moi sommes restĂ©s auprĂšs d’Anna, car nous voulions profiter des chĂšvres jusqu’à la derniĂšre minute.

Comme prĂ©vu Ă  12h30, un vĂ©hicule s’est approchĂ© du portail avec Ă  son bord un homme venu occuper la chambre en location. Il conduisait un pick-up Ă©norme auquel Ă©tait attelĂ©e une remorque. Sur la remorque, il y avait un espĂšce de quatre-quatre un peu lunaire. Le gars nous explique que ce vĂ©hicule est en rĂ©alitĂ© un assemblage de piĂšces provenant de plusieurs vĂ©hicules diffĂ©rents, la crĂšme de la crĂšme, nous dit-il fiĂšrement ! Il est ici pour participer Ă  une course oĂč il sera en compĂ©tition avec plusieurs dizaines de voitures comme la sienne. Il me propose gĂ©nĂ©reusement de grimper Ă  l’avant du vĂ©hicule. Alors j’y vais, curieux, moi qui n’y connais rien en voiture et encore moins en voiture de course. Je souris, il appuie sur des boutons, celui-lĂ  c’est pour amener l’huile, celui-ci c’est pour refroidir le moteur, celui-lĂ  c’est pour
 la vĂ©ritĂ© c’est que je ne l’écoute dĂ©jĂ  plus. Dans ma tĂȘte tourne en boucle ce qu’il m’a dit en rigolant il y a de ça quelques minutes.

« Cet engin consomme 50 litres d’essence par heure. »

Dans ma tĂȘte, je compte. 50 litres par heure, des dizaines de vĂ©hicules qui roulent pendant plusieurs heures juste parce que c’est amusant, divertissant
 Et je sais en voyant le regard Ă©merveillĂ© de ceux qui sont autour de moi que penser Ă  ça fait de moi un rabat-joie. Alors je serre les dents et je fais semblant d’ĂȘtre intĂ©ressĂ©. Je me dĂ©teste quand je suis comme ça. En dĂ©jeunant, on allumera certainement la radio comme chaque jour. Les informations parleront sĂ»rement de la GrĂšce qui brĂ»le ou d’un autre pays comme chaque jour. On en discutera avec un air dĂ©sespĂ©rĂ© comme chaque jour, sans forcĂ©ment faire le lien avec ce gros 4×4 garĂ© devant la maison. Parce que ça bien sĂ»r, ce n’est pas amusant, pas divertissant…

Pendant que je retourne voir l’avancement de l’Ɠuvre d’Adam dans son atelier, Manon part Ă©gourmander les tomates sous la serre. Au moins elle est Ă  l’abri de la pluie. Nous avons notre train en fin de journĂ©e pour rejoindre la ville d’Olsztyn. Adam nous propose de nous conduire Ă  la gare, alors nous chargeons nos vĂ©los et nos bagages dans sa remorque. Un peu mouillĂ©s par la pluie, nous rejoignons Anna vers 15h pour nous rĂ©chauffer avec une soupe de tomates qu’elle a prĂ©parĂ©e. Pendant le repas, Anna nous raconte qu’il y a plusieurs annĂ©es, ils avaient reçu un couple de volontaires. La jeune fille Ă©tait une fĂ©ministe revendiquĂ©e et le jeune homme Ă©tait un peu effacĂ©. Ils avaient Ă©tĂ© surpris de voir la jeune volontaire se laisser pousser les poils sous les bras et insister pour faire du travail de manutention Ă  la place de son homme pour prouver leur Ă©galitĂ©. Adam avoue qu’ils ne sont pas habituĂ©s Ă  ce genre de comportement en Pologne, que les choses bougent plus rapidement en France, et que c’est sĂ»rement dĂ» Ă  notre caractĂšre rĂ©volutionnaire. InĂ©vitablement, nous en venons Ă  discuter des retraites, un sujet qui interroge partout oĂč nous allons. Personne ne semble comprendre pourquoi nous nous plaignons d’avoir une retraite Ă  62 ans, quand le monde entier semble arrĂȘter de travailler aprĂšs 65 ans. Nous apprenons qu’ici en Pologne, l’ñge de la retraite est diffĂ©rent en fonction du genre. Les femmes arrĂȘtent de travailler Ă  60 ans quand les hommes doivent poursuivre leur carriĂšre jusqu’à 65 ans. Étrange, non ?

Pour cĂ©lĂ©brer la fin de ces neufs jours de volontariat, nous trinquons avec nos verres remplis de vin de cerise qu’Adam fait lui-mĂȘme. Il nous explique avec un sourire malicieux qu’il y a plusieurs dĂ©cennies, lorsqu’une Ă©pidĂ©mie a contaminĂ© l’eau d’un village, seuls les alcooliques survivaient, car au lieu de boire l’eau de la ville, ils se dĂ©shydrataient Ă  grandes gorgĂ©es de biĂšres ou de vodka. Si on en croit ses thĂ©ories historiques, nous serions donc tous des enfants d’alcooliques
 đŸ€” Ă  mĂ©diter.

À 16h20, nous devons partir. Anna nous offre un bocal de miel pour la route, nous l’embrassons et nous pĂ©nĂ©trons dans la voiture. Dans le rĂ©troviseur, Lushka nous regarde nous Ă©loigner du haut de son balcon. AprĂšs une heure de trajet, nous rejoignons un appartement que nous avons louĂ© pour 7 nuits. Nous avons dĂ©cidĂ© de prendre une semaine pour nous reposer. Nous avons besoin de faire une vraie pause dans ce pĂ©riple si intense. Je n’écrirai pas pendant cette pause. Manon non plus, je crois. On disparaĂźt un peu. Merci Ă  tous pour votre soutien, vos partages, vos commentaires et votre intĂ©rĂȘt pour nos aventures. On revient vite ! 😘