Enfin, nous avons passé une nuit normale, reposante, salvatrice. La température a beaucoup baissé aujourd’hui. Le vent souffle dans les branches des arbres, créant un peu comme un bruit blanc.
On se prépare notre habituel porridge, banane, plus une boisson chaude. En ce moment, on lit le même livre avec Manon. « Changer l’eau des fleurs » de Valérie Perrin. Ce livre est un chef-d’œuvre. Moi, je le lis en audio et Manon le lit sur sa liseuse. Parfois, je prends de l’avance, car je peux l’écouter tout en pédalant, mais Manon lit si vite qu’elle ne tarde pas à me rattraper, voire même à me devancer. Alors, on en discute avec une certaine réserve, en faisant très attention de ne pas divulgâcher l’histoire à celui qui est en retard.


Ce matin, Manon était indécrochable de sa liseuse. J’ai eu le temps de ranger toutes mes affaires pendant que Manon restait plongée dans l’histoire passionnante de cette gardienne de cimetière. Une fois qu’elle a terminé son chapitre, elle a fini par ranger sa tablette avec la même difficulté qu’ont les enfants à arrêter de jouer pour passer à table.

Il y avait beaucoup de vent aujourd’hui et il faisait froid, alors on a ressorti nos sweats. Vers midi, on s’est arrêté sur un banc près d’une station-service pour manger des pâtes au thon et à la sauce tomate. On a discuté comme si on ne s’était pas vus depuis plusieurs mois. Manon me parle des podcasts qu’elle écoute. On s’interroge, on donne chacun notre point de vue, on creuse, on tord nos réflexions dans tous les sens. On réfléchit encore ensemble jusqu’à épuiser chaque concept. Ça dure presque une heure. Les conversations sont passionnées. De nous, C’est peut-être ce que je préfère. À ceux qui craignaient que la proximité de ce voyage finirait par abîmer nos sentiments, je dirais simplement que tant qu’on se passionne ensemble pour tout et n’importe quoi, ça ira.
Hier, j’écrivais que le Danemark était le pays le plus propre que l’on avait traversé jusqu’ici. C’est vrai, mais sous le banc, aujourd’hui, j’ai vu un tas de mégots. Ça m’a fait penser que pendant qu’on voyage à vélo, d’autres rêvent de tourisme spatial, pendant qu’on fait attention à notre consommation de viande, l’Amérique autorise la production de poulet en laboratoire, et alors qu’on culpabilise presque de créer des déchets en utilisant des lingettes pour notre toilette, certains en sont encore à jeter des mégots dans la nature.
Je comprends que chacun fait ce qu’il peut, mais jeter des mégots dans une poubelle ou un cendrier, on n’en est quand même plus à ce stade ! La connerie ne s’arrête visiblement pas aux frontières…

Nous avons poursuivi notre chemin sur des routes peu intéressantes, parfois des nationales. On souhaitait s’arrêter de pédaler, mais cette partie du Danemark offre peu de possibilités pour poser notre bivouac. Nous n’avons même pas trouvé de camping. Après un petit passage au supermarché pour faire le plein de nourriture, nous sommes arrivés dans la ville de Roskilde où se déroule actuellement l’un des plus grands festivals d’Europe.


Le festival de Roskilde est géré par une organisation à but non lucratif qui reverse les bénéfices à des œuvres caritatives et soutient des projets culturels, sociaux et humanitaires. Et cela attire visiblement beaucoup de monde ! Nous slalomons entre les festivaliers vêtus de tenues excentriques et aux bras alourdis de packs de bière. Autour du site, certaines rues sont fermées par des grilles, ce qui nous oblige à faire quelques détours.
Nous passons le long d’un grillage qui sert visiblement d’urinoir à des jeunes peu pudiques. À notre passage, nous avons droit à une haie de pénis. Une haie d’honneur ! Ou plutôt, une haie de déshonneur.



Finalement, nous avons réussi à trouver un camping en périphérie de la ville où nous passerons la nuit avant de rejoindre Copenhague demain. Manon s’est déjà fait une copine !

Ce carnet de voyage est une très bonne idée. Elle donne vie à votre voyage. Continuez ! J’adore.
J’adore vous lire et partager ainsi 1 peu de votre quotidien.
Elle très touchante cette gardienne de cimetière. On s’y attache facilement ainsi qu’à ses petits compagnons. Big love pour cette lecture!😍