Ce matin, nous avons dû nous lever un peu plus tôt que d’habitude pour pouvoir prendre le petit-déjeuner à 7h45. Adam et Anna doivent nourrir les chèvres et se préparer pour aller à la messe. Nous profitons de leur sortie dominicale pour leur demander qu’ils nous déposent à la gare d’où nous prendrons un train pour Varsovie. Eva et sa fille Maria, les deux volontaires dont on vous a parlé dans les précédents articles, nous quittent aujourd’hui. Maria, âgée de 18 ans, avait l’air très intéressée par notre façon de voyager. Manon était ravie de répondre à toutes ses questions. Si nous lui avons donné envie de voyager à vélo plutôt qu’en avion, nous avons rempli notre mission. Nous resterons en contact avec elles et nous les contacterons si nous avons un jour la chance d’aller en Lettonie. Après une accolade chaleureuse, nous sautons dans la voiture d’Adam et Anna, direction la gare. Sur le chemin, les informations polonaises parlent sans discontinuer de la guerre en Ukraine. Ici, où l’on connaît trop bien l’influence néfaste de la Russie, c’est un sujet plus brûlant que les incendies de forêt au Canada !
Notre train est à 10h30 et il nous faut une heure de trajet pour rejoindre Varsovie. Les billets ont coûté 10€30 pour deux personnes.

Une fois sortis de la gare, nous nous retrouvons au pied d’immenses buildings qui arborent sur leurs façades des panneaux publicitaires démesurés. Le trafic est dense, il est bientôt midi et le soleil alourdit l’atmosphère. Malgré tout, je me sens bien, ça fait un petit moment que nous n’avons pas visité une grande ville et de savoir que ce soir nous retrouvons le calme de la campagne me donne envie de profiter pleinement de cette journée.
Varsovie est une ville chargée d’histoire. Presque entièrement détruite pendant la Seconde Guerre mondiale, elle a dû être reconstruite brique après brique dans les années qui ont suivi la fin des combats en 1945. Anna nous a raconté qu’à l’époque où Varsovie était aux mains des Nazis, il ne restait plus que le clocher de la cathédrale Saint-Jean (Katedra św. Jana), qui était le point le plus haut de la ville, pouvant ainsi être utilisé pour prévenir les attaques ennemies.
Après la guerre, Varsovie est devenue la capitale de la République populaire de Pologne, un régime communiste soutenu par l’Union soviétique. Ce n’est qu’en 1989, avec l’effondrement du communisme en Europe de l’Est, que la Pologne a retrouvé son indépendance totale, et Varsovie est devenue la capitale d’une Pologne démocratique et souveraine.
Varsovie ne nous a pas semblé être très appréciée des Polonais. La reconstruction de la capitale s’est faite au détriment des campagnes où l’État venait piller les matériaux de construction. Le quartier de la vieille ville, qui est pourtant classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, n’évoque pour les habitants qu’un lieu touristique dénué d’authenticité.
Pour autant, nous ne nous sommes pas arrêtés à cette description lugubre et nous avons décidé de partir arpenter les rues de cette immense ville afin de nous faire notre propre avis.


Naïfs que nous sommes, nous avons tenté de trouver une table dans un restaurant alors qu’il n’était que 12h30. « Nie, nie, nie, » nous a répondu le serveur. Le déjeuner n’est servi qu’à 14h. Qu’à cela ne tienne, nous patienterons sur la terrasse d’en face avec des mojitos.
Arrivé 14h, il nous a suffi de traverser pour arriver dans ce magnifique restaurant du nom de Bibenda. Cette adresse nous a été conseillée par Anthony, un ami d’enfance de Manon qui a lui-même visité Varsovie à deux reprises. Alors que nous nous installons à une table, la pluie commence à tomber sur la tonnelle. Nous sommes à l’abri au bon moment. La carte des menus est très diversifiée et nous regardons les assiettes autour de nous pour nous aider à choisir. Comme ce n’est pas très cher, nous prenons trois plats différents. Une focaccia garnie d’épinards et de champignons, des légumes grillés sur du baba ghanoush et des radis tempura. Pas très polonais comme menu, mais pour seulement une trentaine d’euros, on a découvert de nouvelles saveurs et de nouveaux mélanges qu’on n’est pas prêts d’oublier !! 🤤
Lorsque nous avons demandé l’addition, la serveuse s’est approchée de nous avec une boule de glace au beurre noisette et à la sauge, accompagnée d’une sauce abricots. « De la part de votre ami Diego, » nous a-t-elle dit en posant le dessert sur la table. Voyant l’incompréhension dans nos yeux, elle s’est corrigée en disant « votre ami Pedro. » Non, toujours pas. Manon, tentant de dissiper ce moment gênant, lance un « Anthony? » à la serveuse, qui saisit cette main tendue en confirmant : « oui voilà, c’est ça, c’est de la part de votre ami Anthony! »
Ça, pour une surprise, c’était une surprise !! Nous avons essayé de mener notre petite enquête pour tenter de comprendre comment Anthony avait pu nous commander un dessert dans un restaurant en Pologne depuis la ville de Gardanne. Disons simplement qu’il connaît du monde…


La pluie a cessé, il est déjà 15h et nous commençons enfin la visite de la ville. Comme je sens que le temps presse, je propose à Manon de louer des trottinettes électriques. J’avais découvert ça lors d’un voyage à Budapest, et je me souviens encore du vent dans ma barbe et de cette sensation de liberté sur les bords du Danube. Malheureusement, ici l’expérience a été toute autre. En nous approchant de la vieille ville, nous avons eu des rues pavées partout ! Rues pavées + trottinettes = l’impression de visiter avec un marteau-piqueur entre les mains.
Après 40 minutes, je me suis fait une raison, Varsovie en trottinette électrique, c’était une mauvaise idée. Une mauvaise idée qui nous aura coûté près de 20€ !
C’est donc à pied que nous flânons dans les ruelles piétonnes de la ville. La place du marché, qui se trouve au cœur de la vieille ville, est entourée de maisons colorées et de restaurants. Partout il y a du monde. Manon ne résiste pas à l’appel des vendeurs de Kołacz. Cette pâtisserie traditionnelle polonaise se compose d’une pâte légère et feuilletée remplie d’une variété de garnitures sucrées ou salées telles que l’abricot, la framboise, la prune, le fromage sucré, le pavot ou même un mélange de noix. Pour Manon, ce sera au Nutella, valeur sûre. Croquer dans cette pâtisserie en forme de cheminée s’avère être un véritable challenge, que Manon relève non sans accroc. C’est le nez couvert de pâte à tartiner que Manon m’annonce qu’il ne reste plus qu’un train direct pour retourner chez Adam et Anna et qu’il est dans à peine plus d’une heure.
L’itinéraire que nous avions prévu était beaucoup trop ambitieux et nous devons abandonner l’idée de visiter une bonne partie de la ville. Notamment le parc Łazienki que nous avait aussi conseillé notre ami Pedro. Heuuu Anthony pardon! J’espère que personne ne nous attendait là-bas avec une autre surprise!
En réservant le train seulement quelques heures avant le départ, nous n’avons pas pu réserver de places assises. C’est donc debout, près de la fenêtre, que nous passons l’heure de trajet en direction de la gare de Ciechanów, où Adam nous attend pour nous ramener chez lui. Cette journée de repos n’en était pas vraiment une et je redoute déjà demain, la pioche, la pelle, l’argile, les os…



Hello,
Ce qui m’a frappé en Pologne comme à Prague, c’est l’odeur de leur cuisine, une odeur de fumé un peu brûlé.
En voyant Manon manger 1 Kolacz, j’ai l’impression de la sentir.
Des bises
Oui on est super sensible aux odeurs aussi, je pense qu’on s’en souviendra longtemps !