Hier soir, on a fini de manger vers 20h30. On a lu chacun quelques pages de nos livre respectifs. À 21h, extinction des feux. On ferme les paupières avec la ferme intention de nous reposer.

C’était sans compter sur la fin des examens des jeunes Danois !

Au Danemark, les lycéens célèbrent la fin de leurs études sur une période d’environ deux semaines, à la fin du mois de juin. On les reconnaît grâce à leurs casquettes blanches appelées « studenterhue ». Ces casquettes sont personnalisées avec des inscriptions, comme la dernière note obtenue ou le nom de leur petit(e) ami(e).
Vous avez peut-être vu ça dans le film de Thomas Vinterberg, « Drunk ». Si ce n’est pas le cas, débrouillez-vous pour le voir. Ce film est une pépite !!
Quoi qu’il en soit, les célébrations se poursuivent parfois jusqu’au bout de la nuit. Et quoi de mieux qu’une petite plage isolée pour hurler au monde notre joie d’en avoir terminé avec les études ?
De minuit à 3h30 du matin, le petit havre de paix que l’on avait choisi pour bivouaquer s’est transformé en un Woodstock miniature ! Mais qui pourrait leur en vouloir ?

Du coup, à 8h, quand il est temps d’ouvrir les yeux, ça pique un peu.

Cependant, le calme est revenu et on en profite pour prendre le petit déjeuner sur le ponton avec en fond la mélodie reposante des vagues qui claquent sur les rochers.

Alors que je me rase la tête, un groupe de jeunes arrive.
Oh non, pas encore eux !! 😱
Cette fois, ils sont accompagnés d’un adulte qui se dirige droit vers nous. Il nous salue, puis nous dit que nous n’avons pas le droit de dormir ici. Plus exactement, il dit : « Vous ne pouvez pas faire ce que vous voulez au Danemark. »

Au début, ça nous agace un peu, la nature n’appartient à personne ou plutôt à tout le monde !! Et puis, le temps qu’on se réveille un peu et que nos idées s’éclaircissent, on réfléchit différemment. C’est vrai au Danemark. On ne peut pas camper librement où on veut, mais il y a énormément d’endroits dédiés pour le bivouac. Avec même des abris laissés à disposition gratuitement, que l’on appelle les Shelters.

Le Danois semble être très respectueux de la loi. Alors c’est vrai, on reconnaît être en tort sur ce coup-là. On s’excuse et on quitte les lieux. Je me retourne une dernière fois et je regarde les gamins installer une lunette de vue pour observer les oiseaux depuis le ponton. Décidément, j’aurais préféré faire ma scolarité au Danemark plutôt qu’à Marseille, où mon seul souvenir avec des animaux, c’est quand on disséquait une grenouille en cours de SVT. Bande de barbares !

Il fait beau aujourd’hui et le Danemark est en effervescence. Les plages grouillent de monde, les rues piétonnes s’animent comme des fourmilières. Nous nous posons sur un banc au centre de la ville de Vejle pour déjeuner et nous observons les gens avec amusement et tendresse. Nous retrouvons les étudiants, avec leur casquette blanche, ils ressemblent à des matelots sans navire. Pour certains d’entre eux, la mer est agitée, à voir comment ils tanguent à cause de leur trop-plein d’alcool. Ils sont beaux, ils nous rappellent nos années d’études.
On a pu lire sur Internet que vers Copenhague, ils célèbrent ça de manière encore plus folle. Les étudiants défilent dans les rues de la ville à l’arrière de camions qu’ils ont eux-mêmes loués et décorés. Sur la route, ils s’arrêtent chez leurs amis et leur famille pour boire un verre ou manger.
On espère pouvoir assister à ça dans les prochains jours.

On se dit, dégoûtés, qu’on n’a jamais fêté la fin de nos études comme ça chez nous. C’est que dans le sud ou c’est toute la France qui est à la ramasse ?

On continue notre route et on en prend plein les yeux ! Et je ne parle pas de paysages magnifiques ou de décors à couper le souffle. Je parle des moucherons, des nuées de moucherons qui se collent à notre peau, se glissent dans notre bouche et s’écrasent contre nos retines. Les joies du voyage à vélo !

Dans certaines régions du Danemark, comme la campagne ou les villages côtiers, il est fréquent de trouver des maisons à toit de chaume. Le chaume est un matériau de toiture fabriqué à partir de paille de blé ou de roseau tissé en couches épaisses. Lorsqu’elles sont les unes à côté des autres, elles forment des petit hameau pittoresques. On aime beaucoup !

Ce soir, nous dormirons dans une forêt. Juste avant d’aborder le chemin de terre qui nous y conduit, nous croisons un joli serpent au reflets émeraude. Il n’en fallait pas davantage pour me faire redoubler d’attention au moment de planter la tente. Chaque bout de bois inerte est un serpent potentiel. 😰