Si je n’avais pas décidé de rendre mon journal public, aujourd’hui je n’aurais certainement rien écrit. Ce n’était pas une journée très intéressante, ni très agréable. Pas de celles dont on veut absolument se souvenir.

Vers 7 heures du matin, le léger cliquetis des gouttes de pluie tombant sur la tente s’est intensifié en une pluie battante. Nous nous sommes dirigés vers la salle commune pour prendre le petit déjeuner. Nous avons attendu jusqu’à neuf heures que la pluie cesse. Ensuite, nous avons réglé notre séjour à l’accueil du camping. 44 € ! 😯 Et je n’ai même pas eu le temps de profiter du toboggan !! 

Après 8 mois de voyage, il nous arrive encore d’oublier de remplir nos gourdes. Nous sommes partis du camping presque à sec, alors nous nous arrêtons dans un joli cimetière, très verdoyant et fleuri. Au moment de remplir nos bouteilles, je lis “IKKE TIL DRIKKEVAND” sur le robinet, plus tard j’apprendrai que cela signifie “eau non potable”… trop tard, dommage.

Aujourd’hui, nous avons un vent de face. Rien de très violent si l’on compare à ce que nous avons connu en Islande, mais un vent suffisamment persistant pour nous fatiguer. À cela s’ajoute une route avec du dénivelé positif. Nous avions un peu oublié que ça pouvait être épuisant de faire du vélo. Nous avançons lentement, les routes se ressemblent un peu entre les champs de blé et les fermes à cochons.

Ici, au Danemark, on peut souvent voir sur le bord des routes des stands de vente en libre-service. Ce sont généralement de petites cabanes avec des étagères où les produits sont exposés. On peut y trouver des fruits, des légumes frais, des fleurs, des confitures, des œufs, du miel, du pain et bien d’autres choses. Ce système fonctionne sur la confiance et l’honnêteté des clients. Les produits sont généralement étiquetés avec leur prix, et les clients choisissent ce qu’ils souhaitent acheter, déposent l’argent dans une boîte de paiement prévue à cet effet et emportent leurs achats. Il n’y a généralement pas de vendeur ou de personnel sur place pour surveiller les transactions. C’est très inspirant, et on se demande si ce serait possible chez nous.
Par contre, je ne comprends pas leur manie de mettre des drapeaux absolument partout. Peut-être que c’est au cas où quelqu’un arriverait ici complètement par hasard et qu’il se demanderait où il se trouve. Là au moins, c’est clair !

Manon et moi ne pédalons pas au même rythme,mais selon les jours, la différence se fait plus ou moins ressentir. Aujourd’hui, c’était plutôt plus que moins. Je pense que nous sommes un peu fatigués et que nous ne nous sommes pas encore totalement remis du volontariat.

On pourrait penser que pour celui qui va plus vite, c’est facile, il suffit de ralentir. C’est vrai dans la plupart des cas, mais parfois c’est exténuant de ne pas rouler à son propre rythme. Quand c’est le cas, j’avance et je me dis qu’on verra bien. En général, je m’arrête un peu plus loin et je retrouve Manon après quelques minutes seulement. Mais aujourd’hui, comme cela nous est arrivé quelques fois depuis que nous sommes partis, nous nous sommes perdus de vue. Comme c’est Manon qui a le GPS, quand elle ne me voit pas pendant un bon moment, elle m’envoie un message. Maintenant, on a l’habitude, on ne panique plus. Chacun fait sa route jusqu’à ce qu’on se retrouve un peu plus loin.

Vers 16 heures, on se résigne ! On voit bien qu’on n’arrive pas à avancer aujourd’hui, pas très motivés et pas très en forme. On cherche où trouver un abri pour la nuit. Nous suivons la route qui nous conduit vers une petite plage isolée. L’endroit est magnifique, paradisiaque. Nous planterons la tente ici pour nous reposer, en espérant être un peu plus en forme demain.