On est allé prendre le petit déjeuner avec Olga à 9h ce matin, ce qui nous a permis de bien nous reposer. Oeufs brouillés aux lardons, fromage, tartines, on s’est régalés ! Mais on s’est surtout régalés à papoter de sujets familiaux, du monde, Olga disait toujours « maintenant j’arrête de parler car j’enchaîne les sujets » mais on adorait l’écouter. À 10h elle devait aller faire un massage alors on lui a demandé si on pouvait l’aider à quelque chose pendant ce temps, elle avait du bois à ranger alors on s’y est mis. Son toutou nous tenait compagnie jusqu’à ce qu’il parte en courant sans revenir… On s’est inquiété pendant une heure puis finalement il avait son propre passage secret à travers les champs de maïs et un petit trou dans la clôture donc il nous attendait bien gentiment à la maison ! Puis on a repris nos discussions jusqu’à 13h où Olga devait aller préparer sa maison pour une arrivée Airbnb, on aurait aimé que ça ne s’arrête jamais… elle va nous envoyer les contacts de plusieurs fermes dans les jours à venir, on se sépare en se disant qu’on se reverra dans notre propre ferme ! Puis elle nous demande aussi de revenir pour goûter ses gaufres cuisinées à l’ancienne dans un vieux four… elle sait nous parler ! On va faire 2 courses puis le temps de manger il est déjà 15h, alors on sait qu’on ne va pas faire une grosse journée de pédalage. Michal, notre warmshowers de Gdynia, nous a renvoyé un autre itinéraire pour qu’on aille voir la réserve des sources de la rivière Łyna. Malheureusement pour profiter du parc il faut y faire une randonnée à pied, et on ne se sent pas trop en confiance pour laisser les vélos chargés pour le moment. Donc on a observé les quelques spots autour de nous, puis on est revenus sur nos pas pour planter la tente après 35km pédalés. Mes tibias remercient Flavien qui a trouvé un spot en plein milieu d’orties !

Hier soir, Olga nous a proposé de la rejoindre vers neuf heures ce matin pour prendre le petit-déjeuner ensemble. Nous nous sommes réveillés vers 7h45 et nous avons rangé tous nos sacs pour être prêts à partir. Depuis son jardin, Olga nous fait signe de la rejoindre dans sa cuisine extérieure. Il y a des baies vitrées tout autour et le soleil entre de tous les côtés. C’est très agréable. Je rêve qu’on ait nous aussi une cuisine extérieure dans notre future ferme. Je m’occupe des œufs brouillés, Manon met la table et Olga nous fait un bon café. Elle insiste pour que nous parlions un peu plus de nous et de notre projet de voyage. Elle s’excuse sans arrêt de parler trop, mais Manon et moi, nous pourrions l’écouter pendant des heures. Nous lui racontons donc notre histoire, notre envie de ne plus prendre l’avion après un aller-retour en Norvège qui nous avait fait réfléchir. Notre rêve de bâtir notre propre ferme et notre départ un peu fou dans un voyage à vélo, nous qui n’avions jamais vraiment pédalé avant ça. À nous écouter, elle a l’air un peu rêveuse. Il y a une part d’elle qui rêve de changer de vie, de partir à l’aventure. Mais pour le moment, elle doit s’occuper de ses enfants. C’est la priorité. Elle a une fille et deux garçons. La fille est l’aînée des trois. Elle est partie pour un job d’été en Allemagne. Là-bas, elle fait des ménages pour gagner quelques sous et un peu d’indépendance par la même occasion. Olga nous explique que sa fille est courageuse, car elle vit une période très difficile. Elle souffre d’un dérèglement de la thyroïde qui lui fait perdre ses cheveux à l’âge de 19 ans. Probablement l’âge auquel l’image de soi est la plus importante. Selon Olga, ce dérèglement de la thyroïde est quelque chose de fréquent en Pologne. Beaucoup de personnes dans sa famille et dans son entourage souffrent de ce problème de santé. Ce serait lié à l’événement dramatique de Tchernobyl qui s’est produit en 1986 dans la ville de Prypiat en Ukraine, à moins de 1000 kilomètres d’ici.
À 10h ce matin, Olga reçoit une cliente pour un massage, et comme nous avons beaucoup discuté pendant le petit-déjeuner, nous n’avons pas vu l’heure passer. C’est en entendant, au loin, une voiture rouler sur les graviers à l’entrée que nous réalisons que nous devons nous quitter. Comme nous ne voulons pas partir dans la précipitation, nous proposons à notre hôte de l’aider dans son jardin pendant qu’elle fait son massage, comme ça, nous pourrons lui dire au revoir comme il se doit après ça. Elle n’a pas très envie de nous faire travailler, mais nous insistons, alors elle nous propose de ranger un peu de bois dans son abri à bois. Nous avons essayé d’en faire un maximum avant qu’elle ne termine, nous voulions l’aider du mieux que nous pouvions. Je ressens des douleurs dans mes articulations, plus particulièrement dans ma main gauche. C’est de l’arthrite, conséquence courante des morsures de tique… vivement que ça se termine pour de bon cette histoire !

Au moment de nous dire au revoir, nous la remercions d’une chaleureuse accolade. C’était une belle rencontre, et nous avons beaucoup de mal à partir. Mais nous nous sommes promis de garder contact.

Nous voilà donc repartis dans la ville d’Olsztynek, où nous nous arrêtons faire quelques courses. Le temps de manger, et il est déjà 15h. La journée est passée si vite ! Mais ça valait le coup de profiter ce matin, alors tant pis si on ne roule pas beaucoup. Nous suivons notre itinéraire vers notre Workaway qui n’est plus très loin. La route en elle-même n’est pas forcément belle. Nous n’avons pas eu de sable aujourd’hui, c’est déjà ça. Nous décidons de faire un détour pour rejoindre une réserve naturelle que nous avait conseillée Michal, notre premier Warmshowers de Pologne. Dans la forêt qui nous y conduit, nous retrouvons avec dépit les routes pavées qui nous ont donné tant de mal la veille. Au bout de ce chemin se trouve un joli lac et la possibilité de partir en randonnée plus profondément dans la forêt. Malheureusement, il nous faudrait abandonner nos vélos pour pouvoir marcher, et nous ne pouvons pas nous le permettre, de peur de finir le voyage à pied ! Nous décidons donc de faire demi-tour pour trouver un emplacement de bivouac entre les arbres. Nous ne sommes pas très loin du chemin principal et il y a du passage. Nous espérons que personne ne viendra nous déloger…

Cela se lit comme un récit de voyage, et pour cause. On a envie d’en savoir plus. Tchernobyl a fait beaucoup de mal.