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Les deux derniers jours ont été très tranquilles, Flavien s’est reposé à fond. Il n’avait plus de fièvre dès le deuxième jour, sa plaque a continué à grossir pour finalement commencer à sécher ce matin. Il a mal dans les articulations alors on va surveiller. Karlskrona est un archipel de plusieurs îles, très boisées, qu’on peut observer au loin en pédalant, très joli !
On a pris notre ferry entre Karlskrona et Gdynia à 9h. Au moment d’embarquer, on nous explique qu’on doit enlever nos bagages, les mettre dans un chariot, aller accrocher nos vélos sur la remorque réservée, reprendre nos chariots, monter avec l’ascenseur et traverser tout le bateau pour trouver un endroit où se poser. On n’a jamais eu un embarquement aussi compliqué. Arrivés à l’étage le plus haut, on s’asseoit avant qu’un agent du bateau vienne nous dire que nos chariots sont gênants et nous faire comprendre qu’on doit aller ailleurs car il y a un restaurant à proximité. Alors on retraverse tout le bateau dans sa longueur pour trouver un ascenseur qui fonctionne pour descendre d’un étage. Comme dans le Titanic, les riches en haut, les pauvres en bas ! J’ai lu 3 BD pendant que Flavien a travaillé sur son ordinateur.
À 18h30 on a débarqué sur le sol polonais ! On a rencontré une autre cycliste qui venait en Pologne pour un festival de danse bachata, puis notre premier warmshowers polonais, Michal, est venu nous chercher directement au port ! Il nous a fait faire un tour dans le centre-ville de Gdynia, où nous avons pédalé le long de la marina et du bord du mer. Il y a beaucoup de musiciens, les gens sont attablés en terrasses, les enfants jouent partout, il fait vraiment bon vivre ! On se sent déjà dépaysés en regardant tous les panneaux autour de nous, les vieux bâtiments, tous les fils électriques au-dessus de nos têtes. Puis Michal nous a cuisiné des boulettes appelées « kotlety mielone » que sa propre maman a confectionné, un délice ! Il nous a organisé notre route pour la semaine à venir, on a hâte de voir tous les beaux endroits que la Pologne nous réserve !

Me voilà de retour après 4 jours d’absence ! Déjà 4 jours ?! Pour vous refaire un petit point, le 9 juillet je me suis réveillé dans la douleur, avec la tête qui tourne, des tremblements et des nausées. J’étais tellement chaud qu’on pouvait faire chauffer l’eau pour le café directement en posant la bouilloire sur mon front. Évidemment, la première chose à laquelle on a pensé, c’est que l’infection de la morsure de tique y était sûrement pour quelque chose. Nous sommes donc retournés dans un centre médical. Nous avons rencontré un médecin qui a diagnostiqué la maladie de Borrelia. Elle se déclare apparemment après 15 jours d’incubation en moyenne. Ça faisait pile 14 jours pour ma part. Résultat, je suis sous antibiotiques pendant 10 jours. On a pris un bungalow pour que je puisse me reposer. Mais tout ça, vous l’avez peut-être lu dans les supers Polarsteps de Manon !

Donc ces trois derniers jours, pas grand-chose à raconter de mon côté, beaucoup de repos. Mais ce matin c’est le jour du départ pour la Pologne. Nous prenons notre ferry à 8h dans le port de Karlskrona. Le réveil sonne à 6h. Nous avons accroché toutes nos sacoches la veille pour ne pas perdre de temps le matin. Au moment de rendre les clés, l’accueil du camping est évidemment fermé. Nous n’avions pas pensé à ça ! On ne sait pas trop quoi faire des clés, un peu stressés, on tourne pour essayer de trouver une boîte aux lettres où les déposer. Ça nous a pris une bonne dizaine de minutes, mais on a fini par trouver. C’est donc dans un mélange d’excitation et de stress que nous enfourchons nos vélos pour les 8 km qui nous séparent du port. Au moment du checking, on nous explique qu’il nous faut retirer tous les bagages de nos vélos pour les accrocher sur des remorques. Nous nous exécutons en remplissant de petits chariots à roulettes avec nos bagages. Se déplacer dans les couloirs du terminal n’est pas évident, nos sacoches tombent régulièrement et on se cogne au mur. Mais on finit par rejoindre le bateau et nous nous posons au huitième étage sur de jolis canapés bien confortables. Il ne s’est pas écoulé beaucoup de temps avant qu’un employé du personnel vienne nous voir pour nous proposer de descendre les chariots dans la soute à bagages. On le remercie pour sa proposition, mais on lui explique qu’on a certainement besoin de garder nos affaires à proximité. Ce à quoi il répond qu' »ici c’est un restaurant ! », sous-entendu « cassez-vous ! vous et vos bagages ». Le message est assez clair. On décide de redescendre d’un étage rejoindre les gens de notre rang.

Pendant la traversée, on tue le temps ; quelques sorties sur le pont pour observer la mer Baltique, de la lecture et des parties de jeux de société. On joue à « Agropolis », l’objectif est de construire des fermes. Nous ne sommes jamais très loin de nos rêves…

Au moment de descendre du bateau, nous rencontrons une jeune fille qui nous avait repérés avec nos vélos. Elle vient nous aborder en nous expliquant qu’elle aussi doit récupérer son vélo. Elle est allemande et vient voir des amis à elle en Pologne. Vous connaissez l’expression « tu lui dis bonjour, elle te dit le reste » ? Et bien cette jeune fille, c’était typiquement ce genre de personne. Elle avait beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses à raconter. Peut-être qu’avec des restes de fatigue, j’étais un peu moins ouvert à la conversation. Du coup, j’ai prétexté aller demander quelques informations à l’accueil, pour souffler un peu, en abandonnant Manon à cette conversation qui n’en finissait plus. En revenant, j’ai vu dans son regard un peu de détresse, je pense qu’elle aussi a trouvé le temps long.

Michal, notre premier hôte Warm Showers de Pologne, vient nous récupérer directement au terminal. Comme elle est toujours là, il fait évidemment la connaissance de cette jeune fille allemande dont je connais presque tout, sauf le nom. Il nous propose de partir faire un petit tour dans la ville de Gdynia avant de rejoindre son appartement. Nous le suivons donc à travers les rues en tendant l’oreille pour écouter l’histoire de sa ville. Manon, moi, mais aussi notre nouvelle amie germanique qui n’a pas l’air pressée de retrouver ses amis. Elle me rappelle la tique qui s’était accrochée à ma cheville il y a un peu plus de 15 jours… Finalement, nous arrivons à un carrefour où nos chemins se séparent. Il est temps de rentrer chez Michal pour préparer le dîner.

Déjà dans la cage d’escalier de son immeuble, ça sent bon les poivrons. Après cette longue journée, on commence à avoir les crocs. Il nous fait pénétrer dans un appartement exigu situé au deuxième étage. Alors que Manon file sous la douche, je lui propose d’éplucher les pommes de terre pour l’aider à préparer le repas. Ce soir, nous mangeons des tomates mélangées à des oignons crus, des pommes de terre à l’eau assaisonnées d’aneth ainsi que des Kotlety mielone (boulettes de viande polonaises) préparées par sa maman. En fond, la radio polonaise et les conversations que l’on entend depuis la rue nous plongent dans une ambiance déjà bien différente de la Suède. Pendant le repas, nous en apprenons un peu plus sur Michal, sur son pays et sur les voyages qu’il a pu faire. Il travaille en tant que conseiller financier, et il a beaucoup voyagé par le passé. Il a visité une bonne partie des pays que nous prévoyons de visiter, alors nous lui avons demandé des conseils pour préparer notre itinéraire, comme à notre habitude. Il a sorti une carte de la Pologne pour commencer. Il a voulu la déplier sur la table, mais comme celle-ci était trop petite, j’ai fini avec la moitié de la carte sur les genoux. Pourquoi est-ce que les gens s’obstinent à utiliser des cartes papier ? La ville que l’on veut nous montrer se trouve toujours dans la pliure. À force de la plier et de la déplier, la carte part en lambeaux. À chaque fois qu’on ouvre une carte sur une table, on a le nord sur un mug, l’est sur un plat à tarte, le sud sur une fourchette et l’ouest en suspension dans le vide. Je ne comprends pas cet acharnement à préférer les cartes papier au numérique. Pour moi, c’est une secte…

Finalement, même avec les conseils de Michal, c’est difficile de choisir tellement il y a de belles choses à voir en Pologne. On va faire un peu au jour le jour, même si on a une idée globale de la route que l’on prendra. On tâchera de vous partager ça bientôt. Il est 23h30, mes yeux commencent à se fermer et j’ai du mal à tenir la conversation. D’un commun accord, nous convertissons le canapé en lit. Il est temps pour nous de partir au pays des rêves.