On espérait voir un peu plus la mer sur notre itinéraire d’aujourd’hui, mais ça n’a pas trop été le cas malheureusement. On a suivi une départementale pas très passionnante, avec des montées et descentes constantes. On s’est arrêté dans la seule épicerie sur notre route à midi, où on a rencontré un autre cycliste suédois qui pédalait jusqu’à Karlskrona comme nous, puis remontait jusqu’à Stockholm. Flavien avait besoin de foncer aujourd’hui, alors on a fait route à part plusieurs fois pour que je puisse me la couler douce de mon côté ! Il a tellement foncé qu’il avait oublié qu’on devait faire des courses pour ce soir ! Heureusement, la tortue Manon a le temps de voir tous les supermarchés nécessaires à notre survie ! On finit par arriver à Karlskrona après 62km, où on doit prendre notre ferry pour la Pologne jeudi à 9h du matin. Ce qui fait qu’on a 3 jours complets off devant nous, on ne sait pas encore comment on va s’organiser ! Pour ce soir on plantera la tente à côté de tables de pique-nique, même si on a la route en contrebas ça fera le job.

Ce matin, le soleil se levait à peine quand nous avons entendu du bruit dans la forêt. Nous avons ouvert la tente et nous sommes tombés nez à nez avec une biche, un cerf et six petits faons. Nous leur avons tendu des restes de tacos que nous avions mangés la veille, et pour nous remercier, le cerf s’est penché pour inviter Manon à grimper sur son dos. Elle n’avait même pas pris le temps de se débarbouiller que je l’ai vue partir au loin à vive allure sur le dos de cet animal majestueux. J’ai sorti ma guitare pour occuper les petits faons. Je leur ai chanté :
Little baby fawn, dancing on the lawn
With your spots so bright, in the morning light
Little baby fawn, prancing all day long
You’re a gentle soul, with a spirit strong…
Je n’avais pas fini le refrain que j’ai vu Manon revenir et… quoi ?!
Oui ben, cette journée était sans intérêt, alors je me suis dit que vous préféreriez que j’invente autre chose… non ? Bon…


Alors, nous sommes partis ce matin vers 10h. Il fait beau aujourd’hui. Je sens que j’ai la pêche, je pédale sans difficultés, pourtant ça grimpe plus que les autres jours. Ça doit être le venin de tique, ça stimule ! Je perds Manon de vue derrière moi et au bout d’un moment, elle m’appelle pour me dire qu’il fallait tourner à droite. J’ai trop la flemme de faire demi-tour, alors je lui dis que je vais me débrouiller. Ceux qui me connaissent, moi et mon sens de l’orientation légendaire, doivent déjà sourire. Je trouve un petit chemin qui, je l’espère, me fera rejoindre la bonne route. Malheureusement, au bout de quelques kilomètres, je me retrouve face à une voie ferrée et je vois la route de l’autre côté. J’hésite un moment et je finis par me dire qu’ici, au milieu de nulle part, je n’ai aucun moyen de savoir si un train arrive et que si je reste bloqué sur les rails en voulant traverser avec mon vélo, il existe une possibilité que je finisse en carpaccio et que vous n’ayez pas votre article du soir ! Du coup, demi-tour jusqu’à l’intersection que j’ai loupée. Ah, si j’avais écouté Manon !
De son côté, elle a bien avancé. Je pédale comme un fou pour la rejoindre plus loin dans une boutique où nous nous arrêtons pour manger. La route d’aujourd’hui n’était vraiment pas plaisante. Une piste cyclable sur le bord d’une route passante. Pourtant, nous y avons croisé beaucoup d’autres cyclistes, dont un qui a échangé quelques mots avec nous pendant que nous mangions. Il nous expliquait qu’il comptait pédaler jusqu’à Stockholm. Je lui ai répondu qu’il allait avoir froid, il m’a dit : « J’ai l’habitude. » C’est vrai, des fois j’oublie que tous les gens ne sont pas des fragiles comme moi.



Dans l’après-midi, rien de spécial. Je roule bien, je pense même que je me suis fait flasher. Manon est derrière, alors on décide de se retrouver directement à Karlskrona. Elle me rejoint un peu plus tard, elle a pris le temps de s’arrêter faire les courses. Moi, j’avais oublié (oups). On se pose dans l’herbe sous un arbre et on s’allonge pour regarder le ciel. De là où nous sommes, nous avons une vue splendide sur la nationale. Et oui, ça fait rêver 😎⛺️



Oh la la Flavien je m’étais déjà embarquée avec Manon sur le dos du cerf mais j’ai été vite descendue ☺️ tu es doué pour inventer de belles histoires 🤩 par contre il faut toujours écouter les plus petits que soi !!
Je n’aime pas que vous soyez séparés, ça me rassure de vous savoir ensemble toujours 😍
La photo est très belle, ça fait plaisir 🥰 Gros gros bisous ❤️❤️