!

Hier en marchant au bord de la mer j’ai aperçu le panneau avec interdiction de camper, alors on a pédalé un peu plus jusqu’à une forêt.
Au moment de repartir ce matin, nos chaussures étaient pleines de limaces, super ! J’ai refait le pansement sur la morsure de tique de Flavien, le rond est un peu moins rouge alors je pense que ça va aller. On s’arrête manger pas loin d’un camping, où après avoir raconté des bêtises en français pendant une heure on s’est rendu compte que la dame derrière nous comprenait tout ! On a souvent tendance à oublier ce détail… Le sentiment de honte dissipé, on papote avec elle uniquement en français. Elle est danoise, en camping-car avec son mari et ils veulent aller jusqu’aux îles Lofoten en Norvège ! C’était très agréable, en partant elle nous a souhaité « bon vent dans le dos » !
Quelques kilomètres par la suite, j’ai crevé sur la voie cyclable à côté d’une longue route. C’est ma première crevaison en 9500km (si on ne compte pas la jante pétée en Ecosse qui m’avait fait exploser le pneu), je n’ai pas trop à me plaindre ! Et comme convenu, c’est moi qui la répare. A part pour pomper à la fin, j’ai tout réussi ! (Et oui j’ai les grosses cuisses mais pas les gros bras). Au total : 3 cyclistes se sont arrêtés pour nous demander si on avait besoin d’aide dont un qui a carrément fait demi-tour, une mamie nous a fait coucou de sa voiture en klaxonnant et un autre cycliste nous a félicité en repartant. Y’a pas à dire, les suédois sont vraiment des amours !
Il est 16h, alors on se dit qu’on va se poser… Au McDo ! Besoin de recharger nos batteries et on a continué à travailler sur le site. Puis à 19h après 38km on va chercher un spot de bivouac, dans une forêt pour faire dans l’originalité ! On essaie d’être plus rigoureux dans notre check mutuel de tiques, et ce soir on en a enlevé une sur Flavien, 2 sur moi et une énorme qui marchait dans la tente ! On parle des tiques, mais les moustiques sont tout aussi présents..!

Voici une photo de Manon et moi il y a une vingtaine d’années :

Réveil, petit-déjeuner et compresse sur la cheville. Voici la nouvelle routine du matin. Aujourd’hui, ça a l’air d’aller déjà beaucoup mieux. Merci pour vos messages et sachez que je n’ai absolument rien, ni fatigue, ni fièvre, ni douleur. Donc vraiment, il n’y a pas de quoi s’inquiéter outre mesure.
Le soleil fait son grand retour. Pas un nuage dans le ciel ce matin. Ça nous procure une grande dose d’énergie et on roule à une allure soutenue.

Vers 12h30, alors que nous nous apprêtions à déjeuner, une dame nous aborde. Elle nous explique qu’elle nous a entendu parler français et qu’elle parle elle-même quelques mots. Elle est danoise et voyage en camping-car avec son mari pendant six semaines en Suède. Elle était assise seule à une table de pique-nique pendant que son mari faisait la sieste dans leur véhicule. Elle sortit d’un sac en papier une étoffe en maille et s’est mise à tricoter. J’adore voir les gens qui prennent le temps de s’adonner à leurs hobbies, peu importe où ils se trouvent. Ceux qui sortent un livre de leur sac dans le métro, un carnet de dessin dans une salle d’attente, ou des aiguilles à tricoter sur une table de pique-nique. Ceux qui saisissent chaque occasion de faire quelque chose qu’ils aiment, comme de petites respirations dans une vie en apnée.

Je n’ai jamais vraiment été comme ça. Pour moi, c’est tout noir ou tout blanc. Je passe trois ans à travailler comme un forcené pour ensuite me la couler douce pendant trois autres années. J’admire cette capacité que ces gens ont de savourer le bonheur par petites doses.

Dans l’après-midi, nous nous arrêtons à nouveau pour faire des courses. En face du magasin, je vois un camion avec écrit « doktor » ainsi qu’un pictogramme représentant une tique. C’est un signe ! Je m’en vais montrer ma morsure aux deux jeunes Suédoises dans le camion ! Manon me surveille du coin de l’œil pour s’assurer que je n’en profite pas pour draguer. De toute façon, la marque de bronzage de mes sandales sur mes pieds fait office de ceinture de chasteté. Les deux jeunes filles m’expliquent qu’elles sont ici pour proposer des vaccins et que ma piqûre n’a rien d’alarmant. Très bien, nous pouvons donc repartir !

La route n’a pas beaucoup d’intérêt. Pourtant, hier soir, nous avons discuté avec un Suédois qui nous expliquait que la route jusqu’à Karlskrona allait être magnifique. Nous ne sommes sûrement pas sur la bonne. C’est aussi ça, le voyage à vélo. Parfois, tu roules des jours sur une route sans intérêt et plus tard, tu rencontres quelqu’un qui t’explique que la route parallèle était bien plus intéressante.

Vers 15h, première vraie crevaison pour Manon. Elle tient à se débrouiller toute seule pour changer la chambre à air et elle s’en sort comme une chef ! Elle avait toute la théorie après mes cinq ou six crevaisons en Islande, aujourd’hui elle a la pratique !

Peu de kilomètres plus tard, nous décidons de nous poser pour le reste de l’après-midi. Nous squattons de nouveau un McDonald’s. La vérité ! 🤌 quand je rentre en France, je n’y remets plus jamais les pieds !! 🤌

Pour planter la tente, nous trouvons un petit coin de forêt. Il y a des nuées de moustiques et ces enfoirés nous piquent même à travers les vêtements. On s’empresse de monter la tente pour nous mettre à l’abri. À l’abri des moustiques peut-être, mais pas des tiques ! Manon en trouve une plutôt balèze sur le sol de la tente. On la tue et on décide, sans même dire un mot, de jeter un œil attentif à notre épiderme. Au total, on a trouvé 4 saletés de tiques. Il faut croire que ces petites bestioles raffolent de nos corps, comment leur en vouloir 😎. Une morsure, à l’intérieur de ma cuisse cette fois (vous n’aurez pas la photo, n’espérez rien !), présente elle aussi un cercle de couleur rouge. Je commence à ressembler à un stand de tir un soir de fête foraine. Manon n’a pas ce genre de réaction. Je pense que lundi, nous retournerons dans un centre de soins en insistant pour qu’on nous prescrive des antibiotiques. Il vaut mieux prévenir que guérir !