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Je me réveille moins fatiguée ce matin, il est temps de reprendre la route ! Le temps de tout ranger il est 11h, encore de la pluie mais on se dit que dans tous les cas il va falloir avancer et qu’il y a de grandes chances que ce soit comme ça toute la semaine. On mange devant un supermarché où la pluie commence à tomber. Puis elle s’arrête. Puis elle reprend de plus belle quelques kilomètres après, on se met à l’abri le temps que ça passe. On repart, et 5min après ça recommence. On se met à nouveau à l’abri dans un arrêt de bus, puis on se rend à l’évidence qu’il faut avancer. A partir de là ce fût grand soleil ! On a complètement séché. On a pédalé jusqu’au site de Stainabjär où des pierres ayant servies de cimetière à l’âge de fer sont encore présentes. Placées en forme de bateau, on les appelle les « bateaux de pierre », où les crémations vikings avaient lieu. On avait roulé un peu moins de 60km, du coup je dis à Flavien que ce serait bien de trouver un spot de bivouac. On ne l’a trouvé qu’après 77km pédalés au total, à mon grand désespoir..! Ce fut une grosse journée de reprise. On est à proximité de la ville, mais ça fera l’affaire pour ce soir.

Hier, nous avons pris une journée de repos dans un camping. Ça a été l’occasion pour nous de travailler un peu sur notre site et de faire du dessin.

En soirée, une équipe de cyclistes et des véhicules floqués ont débarqué dans le bungalow juste à côté du nôtre. Ils avaient l’air de tourner un reportage. Caméra professionnelle, perche micro, plusieurs techniciens, il y a du budget. Ils étaient habillés en cyclistes moulants et prenaient soin de leurs vélos comme on prend soin d’un pur-sang avant une course de plat. Nous avons ouvert la fenêtre de notre bungalow et avons essayé de tendre l’oreille, mais ils ne parlaient pas anglais, donc nous n’avons pas réussi à savoir sur quoi c’était. J’ai bien essayé de faire en sorte qu’ils nous remarquent en prétextant chercher quelque chose dans nos sacoches. Imaginez un peu qu’on vole la vedette à des cyclistes professionnels et qu’on finisse dans un reportage suédois sur le vélo ! Malheureusement, ça n’a pas fonctionné. Nous resterons dans l’anonymat.

Nous avons quitté le camping ce matin aux alentours de 11 heures. Comme nous avions pris un bungalow, cela nous a coûté une centaine d’euros pour les deux nuits. Très vite, nous avons retrouvé la campagne et la pluie.

Certains chemins sont tellement tassés par le passage des tracteurs qu’en roulant dessus, on a l’impression d’être dans une lessiveuse. Dans mes écouteurs, les informations titrent : « Record mondial de températures moyennes pour un début de juin ». Le monde a connu son début de juin le plus chaud jamais enregistré, avec des températures moyennes de l’air à la surface de la planète qui ont battu les records. Selon les experts, il est encore possible de limiter le réchauffement climatique à moins de 2°C, voire à moins de 1,5°C. Cependant, pour y parvenir, il est nécessaire de réduire de moitié les émissions d’ici 2040 ou même 2030.

Ça fait tellement d’années qu’on entend ça… À chaque fois, on entend que c’est pire et chaque fois, on entend qu’on peut encore faire quelque chose, mais que c’est maintenant ou jamais ! En entendant tout ça, je me dis que c’était sans doute la meilleure décision de ma vie, ce voyage à vélo. Et le projet d’avoir une ferme n’est que la continuité. On pourra regarder les futures générations dans les yeux et leur dire qu’à notre échelle, on a essayé quelque chose.

Dans la matinée, nous avons croisé toutes sortes d’animaux d’élevage. Des chevaux majestueux, des vaches très curieuses, mais aussi des alpagas que nous avons naïvement pris pour des lamas.

Les alpagas sont des animaux domestiques originaires des régions montagneuses d’Amérique du Sud. Ils ressemblent à de petits lamas et sont élevés pour leur laine douce et fine. Ils sont calmes, curieux et leur laine est utilisée pour fabriquer des vêtements. Et ils sont trop mignons avec leur dentition mal alignée.

La suite de la journée se rythme entre averse et grand soleil. Parfois l’orage est si fort que l’on préfère s’abriter.
En fin d’après-midi nos gourdes sont presque vide et comme on espère bientôt s’arrêter il nous faut trouver un endroit où les remplir. Je m’approche d’une maison avec les deux bouteilles vides à la main et un dame très aimable sort de chez elle et nous propose de nous les remplir. C’est l’occasion d’échanger quelques mots, on leur raconte que l’on vient de France, et qu’on roulera tant que des gens généreux nous offrirons de l’eau. Ils rigolent et nous propose un pomme pour reprendre des forces. Nous déclinons poliment tout en pensant que les suédois sont vraiment des gens agréables.

Nous n’avons qu’une envie c’est de nous arrêter, malheureusement nous avons roulé jusqu’à une ville et ce n’est jamais simple de trouver un endroit où poser la tente en agglomération. Même ici où ce serait théoriquement autorisé. Alors on puise dans nos dernières forces et on continue pour une vingtaine de kilomètres. Nous ne sommes pas très loin de la route mais nous avons trouvé un coin de verdure un peu reculé, ça fera l’affaire !
Avec la pluie limaces et escargot sont de sortie et vu leur taille un chacun pourrait suffire pour le dîner ! 🤤😋